30 avril 2023 : cérémonie en hommage à François Émorine

Un crime à Poisson, l’affaire Émorine, l’énigme de la Croix Bizet
Lors de l’adressage communal, le nom de « Route de la Croix Bizet » a été donné à une portion de la Départementale 458 reliant Poisson à Saint-Yan. Dimanche 30 avril 2023, une cérémonie commémorative s’est tenue près de cette croix, en hommage à François Émorine dit « Bizet » dont l’origine du surnom fait l’objet de plusieurs suppositions, agressé et tué en ce lieu.
Une vingtaine de personnes dont son arrière petit neveu et deux arrière petites nièces étaient présentes avec des représentants de la municipalité de Poisson. Une occasion de remonter le fil des événements ayant conduit à son meurtre, le 30 avril 1883, il y a juste 140 ans, en effectuant des recherches dans les archives départementales et en recueillant des témoignages qui ont permis de rédiger un texte relatant les faits dont le contenu a été lu par trois lecteurs et une lectrice pour la circonstance.
Ce récit ne prétend pas éclaircir cette affaire ni remuer un passé tragique mais révéler un fait divers au cours duquel un jeune paysan de trente ans a perdu la vie sur notre commune et perpétuer sa mémoire avec l’appellation donnée au chemin de l’époque qu’il fréquentait régulièrement. Plusieurs hypothèses restent plausibles, le crime n’ayant jamais été élucidé. Si son mobile crapuleux semble avéré, la mise en accusation trop rapide de ses deux prétendus auteurs et peu après leur libération, faute de preuves, n’a pas contribué à faire la lumière sur cette affaire, nourrissant plutôt une rumeur transmise jusqu’à nos jours. Ce dimanche de printemps, François venait de vendre du bétail, il était porteur d’environ 800 Francs, une belle somme à l’époque. Après avoir rendu visite à sa fiancée au Bois de Sarre, à Saint-Julien-de-Civry, il quitta ses hôtes en début de soirée, et sur le chemin du retour, s’arrêta dans une auberge à Poisson pour « taper le carton ». Imprudence fatale, il exhiba son portefeuille pour payer ses dettes et après une collation, reprit son chemin en direction du Tailleret à Saint-Yan où il était fermier avec ses parents. A-t-il été suivi pour être dépouillé, s’est- il défendu en tentant de fuir, grièvement blessé, achevé par son assaillant, il est tombé dans le fossé sur la gauche, après le croisement du chemin qui mène à l’Étang Rat. Découverte le lendemain, la victime était défigurée, son portefeuille et sa chaîne de montre avaient disparu. Selon les journaux de l’époque, l’arme du crime aurait pu être un marteau de maréchal-ferrant ou une serpe, mais selon une autre version, on aurait retrouvé près du corps des cheveux sur un morceau de bois ensanglanté. L’enquête diligentée, deux suspects ont été arrêtés et relaxés peu après par manque de preuves. L’affaire se complique avec des inscriptions peu lisibles, gravées au couteau sur le socle de la croix, mettant nommément en cause un habitant de Poisson, était-ce le fait d’une vengeance ou pour désigner le coupable ? Même si aucune nouvelle suite judiciaire n’a été donnée à cette accusation, cette version du crime est restée dans les mémoires. Un calvaire dit « Croix Bizet » a été érigé sur le lieu du drame par la famille Émorine qui possède de ce fait un mètre carré sur la commune de Poisson, on ne connaît pas la date précise à laquelle ce petit monument a été dressé. François Émorine a été inhumé au vieux cimetière de Saint-Yan dans l’enclos de l’ancienne église.
En souvenir du disparu, un bouquet de muguet a été déposé à l’ancien cimetière de Saint-Yan par un membre de sa famille et un autre au pied de la croix par la municipalité de Poisson qui a offert un vin d’honneur pour clore cette commémoration.
* Le récit complet et illustré de cette affaire, fera l’objet d’une publication qui sera disponible à la mairie et à la bibliothèque municipale de Poisson pour consultation.


10 mai 2019 : une soirée d’Histoire locale

Une cinquantaine de personnes ont assisté à la conférence donnée par Fernand LAURENT, le vendredi 10 mai 2019, à la salle communale de Poisson. Le conférencier a fait revivre pour ses auditeurs deux personnages marquant du dix-neuvième siècle au niveau local et national :
Philibert PEZERAT, né en 1789, médecin à Charolles et propriétaire, place de Foy à Poisson. Député de la seconde République en 1848 sur la liste d’Alphonse de LAMARTINE, il a voté entre autres pour l’abolition de l’esclavage, incité les cultivateurs à développer les prairies pour l’élevage des bovins et proposé des lois pionnières en matière d’assurance agricole, non appliquées à l’époque. Il fut aussi l’inventeur de machines pour soulager les paysans dans leur travail qu’il a fait breveter. Battu en 1849, il s’opposa comme son fils Just, mais avec moins d’engagement au coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte du 2 décembre 1851 et mourut à Poisson en 1871.
Just PEZERAT, son fils né en 1825, agronome puis étudiant en droit à Paris, prend la tête d’un mouvement insurrectionnel le 4 décembre 1851. À Poisson, avec une quinzaine de républicains de toutes conditions, ils se dirigent en petite troupe vers Paray le Monial où ils espèrent trouver d’autres insurgés, mais personne n’a bougé. Just sera contraint de s’exiler en Suisse d’où il reviendra en 1856. En 1878, il deviendra le premier Maire de Poisson élu par le conseil municipal et non désigné par le Préfet. Just PEZERAT est décédé à Poisson le 29 juillet 1887 à l’âge de 62 ans, son épouse Louise était décédée deux ans auparavant, le 21 janvier 1885, à l’âge de 46 ans.

Descendance de Just PEZERAT
En 1855, le Procureur impérial de Charolles signale au gouvernement que Just PEZERAT alors en exil à Genève, souhaiterait solliciter une dispense de parenté pour épouser sa nièce Louise CHASSEROT alors âgée de 17 ans.
Quatre ans après son retour d’exil, Just a finalement épousé sa nièce, Louise CHASSEROT, née le 17 décembre 1838 qui a atteint sa majorité, à Charolles, le mardi 12 juin 1860. Une des deux sœurs de Just, Marie-Antoinette, née en 1816 avait épousé le frère de Louise, Gilbert CHASSEROT en 1837. Avec Louise, Just aura deux enfants, un garçon, PhilibertArmand né le 8 septembre 1862 et décédé à 15 mois le 17 décembre 1863 et une fille Lucie née le 14 novembre 1872, décédée à Paray le Monial le 26 décembre 1949 à 77 ans.